En France :
Tome 1 le 21/03/2013
Tome 2 le 21/03/2013
Tome 3 le 09/05/2013
Tome 4 le 04/07/2013
Au Japon :
Série en cours : 10 tomes
Site de l'éditeur : http://ki-oon.com/
Naïf et studieux, Angelo Da Canossa n’est guère armé pour la vie d’étudiant à l’université de Pise, lieu d’intrigues et de tensions de l’Italie de la Renaissance. Son innocence résistera-t-elle à sa rencontre avec Cesare Borgia, rejeton d’une famille à la réputation sulfureuse, dont le père est sur le point d’accéder au Saint-Siège ?
Rivalités entre les différentes factions de l’université, machinations politiques et luttes fratricides, Angelo va partager les années de formation d’un jeune homme en passe de devenir l’un des personnages les plus fascinants de l’histoire. A ses côtés, il croisera le chemin de certains de ses contemporains les plus célèbres, de Christophe Colomb en Machiavel en passant par Léonard De Vince…
Avant même de se plonger dans ce manga – et malgré la grande qualité générale des œuvres de Fuyumi Soryo – on a une appréhension assez naturelle : celle de lire une énième histoire sur César Borgia. En effet, Fuyumi Soryo s’attaque ici à l’une des plus grandes figures historiques mais aussi littéraires ; le nombre d’œuvres plus ou moins fictionnelles consacrées au personnage va toujours croissant, tant et si bien qu’on peut approcher de la saturation si l’on en a déjà lu certaines. La question est donc de savoir si Cesare est assez bien mené pour susciter l’attention de tous ou si la série est à réserver à ceux qui ne connaissent pas encore très bien l’histoire des Borgia en général, et de César plus particulièrement.
Première chose bien sûr, la couverture et l’édition. Toujours très sérieuse dans son travail, la mangaka s’est fait aider d’un spécialiste : Motoaki Hara, qui a supervisé la série pour lui assurer la meilleure véracité historique. L’ambiance nous plonge immédiatement dans la Renaissance italienne, avec le style graphique si reconnaissable de Fuyumi Soryo (qui a toujours montré ses inspirations Renaissance dans Mars par exemple). Aucun détail n’est laissé au hasard, que ce soit dans l’illustration avec des robes et coiffures d’époque, la texture de fond pour le titre – un marbre sobre qui fait écho aux colonnes antiques qui était en vogue alors, et surtout le titre qui conserve le prénom avec son orthographe italienne et un sous-titre en italien : « Il Creatore che ha distrutto » (Le Créateur qui a détruit) qui annonce la couleur ; même le numéro de volume est écrit aussi en italien !
En feuilletant rapidement le livre, on a confirmation du sérieux de l’entreprise puisque chaque tome se conclut sur une bibliographie sélective. On comprend pourquoi la série arbore un autocollant « Recommandé par Historia » ! Un argument de vente pour les passionnés d’histoire, mais qu’en est-il des lecteurs lambda qui cherchent un bon manga ?
Eh bien soyons clairs, s’ils aiment les mangas historiques, ils ne seront pas déçus ! Fuyumi Soryo choisit de prendre pour personnage principal un étudiant intégrant l’université de Pise où il rencontre Giovanni de Medicis et bien sûr Cesare Borgia. Ce choix est judicieux pour deux raisons : il permet d’une part de se détacher de la forme classique du récit historique tout en permettant au lecteur d’en apprendre plus au fur et à mesure des découvertes faites par notre naïf – mais brillant – Angelo ; et surtout cela permet d’offrir une vision plus globale des événements.
Car pour être intéressante, la série ne saurait se concentrer sur Cesare Borgia sans le replacer dans son contexte historique ! Et en ce sens, la série est aussi une mine d’informations sur l’Italie du Rinascimiento (Renaissance italienne qui s’est faite bien plus tôt que celle des autres pays d’Europe). De plus, quel meilleur décor que l’université pour en apprendre plus sur l’époque ? Sans compter que cela permet de voir Cesare dès sa jeunesse et donc avant qu’il ne marque définitivement l’Histoire.
Ainsi, dans le premier volume, on découvre ainsi l’université de Pise, l’Italie morcelée et le climat politique européen, mais aussi les bas-fonds, les hiatus profonds qui donnaient lieu à de sérieuses tensions… Cesare nous sert alors souvent de guide au travers d’Angelo qui découvre tout du monde.
Le second tome laisse peu à peu Angelo de côté pour céder la place à Cesare que l’on voit désormais dans divers contextes. Sa grande intelligence est mise en avant, mais aussi une certaine froideur inquiétante. Son charisme est plus grand encore maintenant que l’on a accès à son univers.
Dans le tome 2, on ouvre aussi la perspective sur d’autres grands hommes de l’époque : Christophe Colomb et Leonard De Vinci apparaissent au cours de rencontres avec Cesare, et l’on assiste à un séminaire sur Dante et sa Divine Comédie avec les étudiants de l’université de Pise. Une occasion de revenir sur un fait historique antérieur : l’épisode de la Tour de la Faim qui a inspiré le poète pour l’un de ses enfers.
Ce second volume comporte aussi en fin de tome, en plus de la bibliographie, un lexique, une page intitulée « A la découverte de la Renaissance » et une interview de Fuyumi Soryo et Motoaki Hara. On sent vraiment la volonté de transmettre un savoir historique avec ce manga ! C’est d’ailleurs là que le bât pourra blesser, selon les lecteurs.
Certains apprécieront d’en apprendre tant à travers une lecture de loisir, tandis que d’autres pourront trouver qu’on a parfois l’impression de lire un cours d’Histoire… En l’occurrence, seul l’expérience vous permettra de savoir dans quelle catégorie de lecteurs vous placer, mais en tout cas Cesare est une excellente série historique, faite avec sérieux mais pas pour autant indigeste (quant aux bonus en fin de tomes, leur lecture n’est pas essentielle pour comprendre la série, c’est juste un plus appréciable pour ceux qui souhaitent en savoir plus).